Jeux vidéo pour ados : « Röki », un joli conte interactif sur le deuil et le pardon

Ghada Choucri Mercredi 12 Août 2020-14:22:26 Jeunesse
Jeux vidéo pour ados : « Röki », un joli conte interactif sur le deuil et le pardon
Jeux vidéo pour ados : « Röki », un joli conte interactif sur le deuil et le pardon

Derrière une histoire de sauvetage familial face à des forces sylvestres fantastiques, ce jeu inspiré du folklore scandinave parle avec justesse du deuil, de l’empathie et du pardon. À partir de 12 ans, selon le site Internet Télérama. 

À la manière des contes scandinaves dont il s’inspire, Röki dissimule, sous sa patine mignonne et innocente, un thème plus sombre. Le monde sylvestre et inhabité, dans lequel l’adolescente Tove, projetée à travers un portail interdimensionnel, envoûte par son parfum d’éternité : splendeurs des vestiges d’une église en bois, grâce d’un moulin à eau rebattant les flots d’une rivière paisible, ou encore majesté d’un lointain château médiéval bordant les rives d’un lac tranquille. Cet environnement enneigé et hors du temps est toutefois entachée par une contamination fongique grouillante et alarmante. Elle ne peut qu’être liée au drame survenu quelques heures plus tôt dans la maison de Tove : une bête gigantesque et noir de jais a ravagé cette dernière pour enlever Lars, son petit frère… 

Bien qu’il se joue de préférence à la manette, Röki s’inscrit dans la plus pure tradition du jeu d’aventure en point and click. On y rencontre des personnages dont on doit combler les besoins. On y glane des objets à utiliser afin de résoudre des puzzles et, au final, mieux comprendre le monde. L’imbrication des énigmes dans la grande histoire de Röki est d’ailleurs exemplaire, elle laisse la possibilité de suivre plusieurs pistes pour éviter les tâtonnements et une éventuelle lassitude. Le sauvetage de Lars nécessite l’aide de diverses créatures nordiques réputées monstrueuses telles que des trolls et des dieux de la forêt, faisant ainsi appel à la compréhension et à la compassion. 

Une esthétique naïve 

Son esthétique naïve n’est pas sans rappeler la proposition bienveillante de Mutazione, qui faisait déjà office d’introduction à hauteur d’enfant au genre point and click. Mais c’est en déroulant progressivement la bobine narrative secondaire sur le passé de Tove et des siens que Röki affiche un surplus de profondeur inattendue et bienvenue. Lors de ces séquences à mi-chemin entre l’onirisme et le flash-back, incontestablement les meilleures, cette petite production indépendante britannique parle avec justesse et simplicité du deuil, de la mémoire faillible, des liens familiaux, de la culpabilité… et surtout du pardon. Sa parenté pas si lointaine avec What Remains of Edith Finch n’en est que plus évidente : elle déploie des récits riches en monstres, divinités, mythes et magie comme exutoire à la perte. Pour mieux nous enseigner que seule l’indulgence envers les autres et soi-même prévaut.‫ 

en relation